En 2024, Pettit*Rochet reçoivent une bourse de la FONDATION GIVEL pour la construction d’une théorie et pratique chorégraphique de l’eau dans le cadre du projet « La Peau de l’eau ».
La Matière "Eau" en Danse :
Un Voyage de Fluidité et de Conscientisation
L’eau, dans sa simplicité apparente, est une source de fascination et d’inspiration. Elle est à la fois omniprésente et insaisissable, incarnant un potentiel créatif extraordinaire. Les chorégraphes Pettit*Rochet se sont engagés dans une exploration de cette matière fluide, l’utilisant comme inducteur constitutif, interprétatif et créatif de leur démarche artistique. Leur travail transcende les frontières de la danse conventionnelle, en intégrant la fluidité de l’eau et ses dynamiques intrinsèques pour nourrir une écriture gestuelle sensorielle.
L’eau devient un point moteur dans la danse, offrant une métaphore puissante qui invite à une réflexion collective sur la nature même de notre existence. En s’inspirant des caractéristiques fondamentales de l’eau – sa capacité à couler, à se mouvoir, à s’adapter et à se transformer – Pettit*Rochet engagent les danseur·ses dans un processus d’auto-découverte, d’évolution et de transformation. Le geste dansé, alors, ne se limite pas à une simple représentation esthétique, mais devient une exploration de notre identité. Il s’agit de « se penser eau », une invitation à embrasser notre propre fluidité intérieure, à reconnaître l’eau dissimulée dans notre organisme et à laisser libre cours à son pouvoir générateur d’actions, de trajectoires et d’impulsions.
L’importance de la matière "eau" dans leur création repose sur un engagement inébranlable envers une pensée singulière : devenir fluidité. Leur approche pose la question : comment naviguer entre équilibre et déséquilibre ? Ce mouvement vers la fluidité incite à un état de conscientisation, qui se traduit par un corps engagé dans le présent, sensible à son environnement, capable de saisir les nuances du moment.
Les chorégraphes ont développé cinq principes fondateurs qui structurent leur méthode et guident cette exploration.
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La colonne vertébrale comme voie : Véritable axe de la gestuelle, la colonne vertébrale est perçue comme un conduit permettant d’initier chaque mouvement. Elle incarne l’idée de relier le haut et le bas, le corps et l’esprit, facilitant ainsi une circulation fluide de l’énergie.
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De la mobilité à l’instabilité des pieds : Dans cet espace de danse, les pieds ne sont pas simplement des points d’ancrage, mais des agents de mobilité. L’instabilité des pieds devient un outil pour explorer la notion d’engagement, de présence, et de réactivité face à l’environnement.
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Du centre à l’extérieur, de l’extérieur au centre : Ce principe illustre le va-et-vient incessant entre l’introspection et l’expression. En s’étendant vers l’extérieur, les danseur·ses apprennent à communiquer des émotions, tout en retenant la profondeur que leur centre leur apporte.
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Du mouvement respiratoire au mouvement dansé : La respiration se pose ainsi comme un fondement du mouvement, nourrissant chaque geste d'une vitalité intrinsèque. L’idée d’inspirer et d’expirer invite à une danse organique, rythmée par le souffle, où chaque mouvement trouve son élan dans le souffle de l'univers.
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Isolation, dissociation et fragmentation des différentes parties du corps : En faisant l’expérience d'une danse dans laquelle chaque membre possède une autonomie, les danseur·ses découvrent des possibilités infinies d’expression corporelle. Cette déconstruction des mouvements permet d’explorer de nouvelles connexions entre les différentes parties du corps, enrichissant chaque geste de subtilités insoupçonnées.
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Gestion de l’énergie au service d’une gestuelle ample, fulgurante et sensitive : À travers une compréhension affinée de l’énergie corporelle, les danseur·ses apprennent à moduler leur expressivité. Ce principe met l’accent sur la nécessité de créer des mouvements larges et enveloppants tout en préservant la réactivité et la sensibilité du corps face aux variations de l'environnement.
Pour Pettit*Rochet, la traversée du temps et de l’espace n’est pas simplement une question de distance ou de rythme, mais un voyage transcendant qui interroge les limites de soi. À travers la danse, l’eau devient autant le moyen que la fin, un support narratif permettant de questionner l’identité, la mémoire et la perception. La danse, grâce à la matérialité de l’eau, se transforme en un espace de rencontre fertile où l'art du mouvement se confronte à notre humanité collective, évoquant ainsi une communion spirituelle qui nous rappelle notre propre nature fluide.
En embrassant cette approche, Pettit*Rochet ouvrent la voie à une nouvelle réflexion sur la danse et son potentiel libérateur. Un voyage vers la fluidité, une question de devenir, de témoin et de participant à la beauté de l’éphémère. Au fond, cette exploration offre à chaque danseur·ses l’opportunité de s’inscrire dans un système de "conscientisation" fluide, de transmettre la richesse de leur expérience par le filtre de l’eau, cette matière si précieuse et polyvalente. Dans ce dialogue entre le corps, l’eau et l’espace, se dessine une poésie en mouvement, un hommage à la vie sous toutes ses formes.
In 2024, Pettit*Rochet receive a grant from the FONDATION GIVEL for the development of a theory and practice of choreography centered around water as part of the project "La Peau de l'Eau".
The Element "Water" in Dance:
A Journey of Fluidity and Awareness
Water, in its apparent simplicity, is a source of fascination and inspiration. It is both omnipresent and elusive, embodying extraordinary creative potential. Choreographers Pettit*Rochet have engaged in an exploration of this fluid element, using it as a constitutive, interpretive, and creative inducer in their artistic approach. Their work transcends the boundaries of conventional dance by integrating the fluidity of water and its intrinsic dynamics to nourish a sensory gestural language.
Water becomes a driving force in dance, offering a powerful metaphor that invites collective reflection on the very nature of our existence. Drawing inspiration from the fundamental characteristics of water—its ability to flow, move, adapt, and transform—Pettit*Rochet engage dancers in a process of self-discovery, evolution, and transformation. The danced gesture is thus not limited to a mere aesthetic representation but becomes an exploration of our identity. It is about "thinking oneself as water," an invitation to embrace our own inner fluidity, recognize the water hidden within our bodies, and unleash its generative power of actions, trajectories, and impulses.
The significance of the element "water" in their creation rests on an unwavering commitment to a singular thought: to become fluidity. Their approach poses the question: how to navigate between balance and imbalance? This movement towards fluidity prompts a state of awareness, manifesting in a body fully engaged in the present, sensitive to its environment, and capable of grasping the nuances of the moment.
The choreographers have developed five founding principles that structure their method and guide this exploration:
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The Spine as Pathway: The spine is seen as a true axis of gesture, a conduit through which each movement is initiated. It embodies the idea of connecting the upper and lower parts of the body, the body and spirit, facilitating a fluid circulation of energy.
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From Mobility to Instability of the Feet: In this dancing space, the feet are not merely anchor points but agents of mobility. The instability of the feet becomes a tool to explore notions of engagement, presence, and responsiveness to the environment.
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From the Center to the Outside, from the Outside to the Center: This principle illustrates the continuous back-and-forth between introspection and expression. Extending outward, dancers learn to communicate emotions while retaining the depth that their center offers.
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From Breath Movement to Dance Movement: Breathing thus serves as a foundation of movement, nourishing each gesture with intrinsic vitality. The idea of inhaling and exhaling invites an organic dance, rhythmically driven by breath, where each movement finds its impetus in the universe's breath.
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Isolation, Dissociation, and Fragmentation of the Different Parts of the Body: By experiencing a dance where each limb has autonomy, dancers discover infinite possibilities for bodily expression. This deconstruction of movement allows for the exploration of new connections between different parts of the body, enriching every gesture with unexpected subtleties.
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Energy Management for Ample, Powerful, and Sensitive Movement: Through a refined understanding of bodily energy, dancers learn to modulate their expressiveness. This principle highlights the need to create wide and enveloping movements while preserving the body’s responsiveness and sensitivity to environmental variations.
For Pettit*Rochet, traversing time and space is not merely a matter of distance or rhythm, but a transcendent journey that questions the limits of the self. Through dance, water becomes both a means and an end, a narrative support that allows for questioning identity, memory, and perception. Thanks to the materiality of water, dance transforms into a fertile space of encounter where the art of movement confronts our collective humanity, evoking a spiritual communion that reminds us of our own fluid nature.
By embracing this approach, Pettit*Rochet pave the way for a new reflection on dance and its liberating potential. It is a journey towards fluidity, a matter of becoming, of witnessing and participating in the beauty of the ephemeral. Ultimately, this exploration offers each dancer the opportunity to engage in a system of "fluid awareness," conveying the richness of their experience through the filter

